Mars 2021
Les dynamiques démographiques à l’œuvre sur le territoire de Troyes Champagne Métropole
AU SOMMAIRE
I. Les résultats des populations légales 2018
- Le Grand Est en déprise démographique
- L’Aube, un des seuls départements du Grand Est à connaître une hausse démographique
- Troyes Champagne Métropole porte la croissance départementale
- Troyes Champagne Métropole : la croissance profite à tous les secteurs
II. Les composantes des évolutions démographiques
- Une croissance constante de la population depuis 1962
- Un solde naturel moins élevé que par le passé
- Un vieillissement de la population
- Un solde migratoire nouvellement positif
- Le système éducatif facteur d’attractivité de Troyes Champagne Métropole
- Un recul de l’emploi qui freine l’attractivité résidentielle
Préambule : comprendre les chiffres du recensement
L’ensemble des données mobilisées dans le cadre de cette étude proviennent des résultats du recensement de la population fournis par l’INSEE.
À la suite de l’adoption, le 27 février 2002, de la loi dite de démocratie de proximité, le recensement repose désormais sur une collecte d’informations annuelle, concernant successivement tous les territoires communaux au cours d’une période de cinq ans. Cette nouvelle méthode de recensement remplace les recensements exhaustifs de la population, pratiqués jusqu’en 1999.
Désormais, les communes de moins de 10 000 habitants réalisent une enquête de recensement portant sur toute la population, à raison d’une commune sur cinq chaque année. Les communes de 10 000 habitants ou plus, réalisent tous les ans une enquête par sondage auprès d’un échantillon d’adresses représentant 8 % de leurs logements.
En cumulant cinq enquêtes, l’ensemble des habitants des communes de moins de 10 000 habitants et 40 % environ de la population des communes de 10 000 habitants ou plus est pris en compte. Les informations ainsi collectées sont ramenées à une même date pour toutes les communes afin d’assurer l’égalité de traitement entre elles. Cette date de référence est fixée au 1er janvier de l’année médiane des cinq années d’enquête pour obtenir une meilleure robustesse des données.
Au 1er janvier 2021, les résultats présentés sont donc ceux de 2018, année médiane des cinq enquêtes annuelles les plus récentes. Les comparaisons d’une année sur l’autre ne sont pas possibles car biaisées. Elles ne peuvent se faire qu’avec l’année n-5, correspondant à un autre cycle d’enquêtes, en l’occurrence l’année 2013.
Quelle population est prise en compte dans les résultats du recensement ?
L’INSEE fournit tous les ans les chiffres des populations légales qui regroupent pour chaque commune sa population municipale, sa population comptée à part et sa population totale qui est la somme des deux précédentes.
La population municipale comprend les personnes résidant de manière permanente sur la commune. Dans le détail, ce sont les personnes ayant leur résidence habituelle (au sens du décret) sur le territoire de la commune, dans un logement ou une communauté, les personnes détenues dans les établissements pénitentiaires de la commune, les personnes sans-abri recensées sur le territoire de la commune et les personnes résidant habituellement dans une habitation mobile recensée sur le territoire de la commune.
La population comptée à part concerne tous les résidents occasionnels de la commune comme les élèves ou étudiants ayant leur résidence familiale sur le territoire de la commune mais résidant dans une autre commune pour leurs études. Les personnes vivant en communauté comme dans un établissement de santé, une maison de retraite, un foyer, dans une communauté religieuse, dans une caserne ou un établissement militaire, rentrent aussi dans cette catégorie.
La population municipale est celle qui est utilisée à des fins statistiques et ainsi celle qui a été utilisée pour la réalisation de cette étude. La population totale est la plus souvent utilisée pour l’application de dispositions législatives ou réglementaires.
I. Les résultats des populations légales 2018
Le Grand Est en déprise démographique
Au 1er janvier 2018, le Grand Est compte 5 550 389 habitants. Elle est la 6e région la plus peuplée de France, cédant une place par rapport à 2008. Alors que la population augmentait entre 2008 et 2013 (+0,11 % par an), on observe pour la première fois une baisse de la population de la région sur la période 2013-2018. Sur cette période intercensitaire, la région a perdu 1 999 habitants (-0,01 % par an). Deux autres régions métropolitaines perdent des habitants : la Normandie (-0,01 % par an) et la Bourgogne-Franche-Comté (-0,09 % par an).
Cette dynamique baissière est due au ralentissement du solde naturel (différence entre les naissances et les décès), qui demeure positif mais qui ne suffit plus à compenser les pertes migratoires (départs et arrivées).
L’Aube, un des seuls départements du Grand Est à connaître une hausse démographique
L’Aube compte 310 020 habitants au 1er janvier 2018. Depuis 2013, le département a vu sa population augmenter de 3 439 habitants soit une hausse annuelle moyenne de 0,22 % par an. Cette croissance est portée conjointement par les soldes naturels et migratoires positifs. Le taux de croissance, bien qu’inférieur à la moyenne métropolitaine (0,36 % par an) demeure le 2e plus élevé de la région, derrière le Bas-Rhin (0,43 % par an) et devant le Haut-Rhin (0,16 % par an).
La population stagne dans la Marne, la Meurthe-et-Moselle et la Moselle. Dans les autres départements la population diminue en raison d’un solde migratoire nettement défavorable (jusqu’à -0,6 % par an) cumulé parfois à un solde naturel lui aussi négatif. Le nombre des décès excède le nombre de naissances, comme dans les Vosges, la Meuse et la Haute-Marne.
La croissance de l’Aube connaît toutefois un ralentissement par rapport à la période 2008-2013 dû à un solde naturel toujours positif mais plus faible sous l’effet du vieillissement de la population (0,2 % entre 2008 et 2013 contre 0,1 % par an entre 2013 et 2018). Le solde migratoire se maintient depuis 2008 à 0,1 % par an.
Troyes Champagne Métropole porte la croissance départementale
Si l’Aube connaît une croissance démographique supérieure à la moyenne régionale, les évolutions démographiques sont contrastées entre les EPCI du département.
Avec un gain de 5 853 habitants entre 2013 et 2018, la CA Troyes Champagne Métropole apparaît comme le principal moteur de la croissance du département, puisqu’outre la CC du Nogentais dont la population a augmenté de 122 personnes sur la même période, tous les autres EPCI du département ont connu une baisse de leur population.
Avec une variation annuelle moyenne de 0,69 % par an, Troyes Champagne Métropole est le deuxième EPCI de plus de 100 000 habitants le plus dynamique dans le Grand Est derrière l’Eurométropole de Strasbourg (+0,74 % par an). En cinq ans, le territoire a accueilli plus de nouveaux habitants que le Grand Reims (+ 4 393 habitants), le Grand Nancy (+ 3 357 habitants), Mulhouse Alsace Agglomération (+1 895 habitants) ou encore Metz Métropole (- 326 habitants).
Dans le reste du département de l’Aube la situation démographique s’est fortement dégradée. En effet, onze EPCI de l’Aube ont perdu des habitants entre 2013 et 2018, contre 3 sur la période 2008-2013. Par exemple, la Communauté de communes de Forêts, Lacs, Terres en Champagne après avoir connu une forte augmentation de sa population (+1,75 % par an entre 2008 et 2013) connaît aujourd’hui une inversion brutale de tendance avec une diminution (- 0,33%/an entre 2013 et 2018). Dès lors, seule l’agglomération troyenne connaît une accélération de son attractivité démographique entre 2008-2013 et 2013-2018.
Troyes Champagne Métropole : la croissance profite à tous les secteurs
Au 1er janvier 2018, Troyes Champagne Métropole compte 172 329 habitants et constitue le 6e EPCI le plus peuplé du Grand Est.
Tous les secteurs de l’intercommunalité ont connu une hausse de leur population au cours de la dernière période intercensitaire.
Le secteur A, représentant le cœur d’agglomération, gagne 3 590 habitants entre 2013 et 2018 (61 % de la hausse de l’EPCI), soit 0,63 % par an. Troyes avec 61 996 habitants, représente 36 % de l’agglomération. Sa population s’est accrue de 2 325 habitants sur la période soit +0,77 % par an. Rosières-près-Troyes est la commune du secteur A la plus attractive avec une croissance moyenne annuelle de 3,31 %. La Chapelle-Saint-Luc, au contraire, a vu sa population diminuer de 1,17 % par an.
Les communes du secteur B, correspondant à la périphérie immédiate, sont celles dont la population croît le plus rapidement : 1,36 % par an en moyenne. Buchères est la commune la plus attractive du secteur avec un gain annuel moyen de 3,48 %.
Les bourgs centres ont un taux de croissance proche de la moyenne intercommunale, porté par le dynamisme de Lusigny-sur-Barse (+2,83 % par an) et dans une moindre mesure Bouilly (+0,73%), qui compense le recul démographique d’Estissac et de Saint-Lyé (-0,66 % et -0,10 % par an).
Enfin, les communes rurales continuent de gagner des habitants mais à un rythme beaucoup moins soutenu que lors de la période 2008-2013 (+0,21 % contre +1,41 % par an).
Pour le détail des résultats communaux des populations légales 2018, se référer à l’annexe 1.
II. Les composantes des évolutions démographiques
Les données des populations légales 2018 sorties au 1er janvier 2021 ne concernent que le nombre d’habitants des communes. Les variables explicatives de ces évolutions démographiques, comme les naissances, les décès ou les migrations ne sont actualisées par l’INSEE qu’en juin de chaque année. Ainsi, dans cette partie de l’étude les données les plus récentes sont de 2017, date du dernier recensement disponible.
Une croissance constante de la population depuis 1962
La population de Troyes Champagne Métropole est en constante progression depuis 1962 avec une hausse de plus de 50 000 habitants (+42 %). Après une forte hausse observée entre 1962 et 1975 (+29 000 habitants en 13 ans), la population a ensuite progressé à un rythme plus lent, avant d’accélérer de nouveau sur la dernière période intercensitaire.
Dans le détail, la première hausse importante de population entre 1962 et 1975 est expliquée majoritairement par la croissance démographique du cœur d’agglomération qui soutient à 78 % la croissance sur cette période (+22 488 habitants contre 6 402 sur le reste du territoire).
À partir de 1975 et le début du phénomène de périurbanisation, une transition s’opère. Les secteurs ruraux et périurbains vont porter la croissance démographique du territoire en bénéficiant d’un afflux de personnes issues du cœur d’agglomération et d’un solde naturel positif. Ces territoires connaissent une hausse de 22 484 habitants entre 1975 et 2013 tandis que le cœur d’agglomération accuse une perte de 6 530 personnes.
Sur la dernière période intercensitaire, les territoires périurbains continuent leur croissance tandis que le cœur d’agglomération regagne en attractivité (+ 3 590 habitants) du fait notamment d’un solde migratoire redevenu positif pour la première fois depuis la période 1968-1975.
Une croissance constante de la population depuis 1962
Le solde naturel est le moteur historique de l’accroissement démographique de Troyes Champagne Métropole. Son importance diminue toutefois au fil des décennies, passant de 0,8 % par an sur la période 1968-1975 à 0,3 % par an sur la période 2012-2017. Sur la dernière période, il est pour la première fois devancé par le solde migratoire, redevenu positif pour le territoire.
- Une diminution de la fécondité
En 2019, l’indicateur conjoncturel de fécondité de l’Aube est égal à 1,78 enfant par femme, en dessous de la moyenne nationale (1,87). Relativement proche de la moyenne régionale entre 1975 et 1985, la fécondité dans l’Aube a connu une moindre baisse que les autres départements de la région jusqu’en 1994. Le département a connu une forte hausse par la suite jusqu’à atteindre un maximum de 2,12 enfants par femme en 2010, un niveau élevé assurant le renouvellement des générations et faisant de l’Aube un des départements les plus féconds de France à cette date. Depuis, la fécondité baisse plus rapidement que la moyenne nationale et revient à un niveau similaire à celui du Grand Est.
L’augmentation de l’âge moyen de la mère à la naissance, en lien avec l’élévation du niveau de diplôme des femmes et leur participation croissante au marché du travail, ainsi qu’une conjoncture économique peu favorable au début des années 2010 sont à l’origine de cette baisse de fécondité constatée partout en France.
2. Des effectifs de femmes en âge de procréer plus faibles qu’en 1990
Depuis 1990, la baisse de la natalité ne s’explique plus seulement par une réduction du nombre de naissances par an. Un deuxième facteur entre en compte, la diminution du nombre de femmes en âge de procréer.
Les femmes âgées de 15 à 49 ans sont en effet moins nombreuses en 2017 qu’en 1990 sur le territoire de Troyes Champagne Métropole, passant de 40 367 femmes à 37 823, soit un recul de 6,3 % des effectifs. La baisse est encore plus significative chez les 25-39 ans (-9,4 %), âges où la fécondité est la plus significative, augmentant l’impact sur la natalité du territoire.
Un vieillissement de la population
Si l’agglomération troyenne connaît un bon dynamisme démographique, le territoire n’échappe pas aux phénomènes nationaux de gérontocroissance et de vieillissement de la population.
Entre 1999 et 2017, le nombre de personnes âgées de 60 ans ou plus est passé de 30 621 à 44 147 soit une hausse de 13 526 personnes en 18 ans (+ 44 %). Leur part dans la population totale passe de 19,3 % en 1999 à 25,7 % en 2017. L’évolution du nombre de personnes âgées de 75 ans ou plus est encore plus importante : +50 % depuis 1999 soit + 5 323 personnes. Elles représentent 9,3 % de la population totale en 2017 contre 6,7 % en 1999.
L’avancée en âge des générations nombreuses du baby-boom et l’augmentation de l’espérance de vie sont les principales causes du vieillissement du territoire.
Avec ces évolutions, l’indicateur de jeunesse diminue continuellement et est passé en 2017 sous le seuil de 1 (0,97), indiquant pour la première fois des effectifs de personnes âgées de 60 ans ou plus, plus nombreux que ceux des moins de 20 ans.
Depuis 2007, la structure de la pyramide des âges a donc changé. Le centre s’est rétréci signifiant une part moins importante des actifs en 2017 qu’en 2007. En revanche, le sommet de la pyramide s’est élargi du fait du vieillissement de la population et des causes décrites auparavant.
Un solde migratoire nouvellement positif
De 1975 à 2012, le solde migratoire de Troyes Champagne Métropole a été négatif avec un record atteint lors de la période 1982-1990 où le solde s’élevait à -5 775 personnes.
Cependant, la période 2012-2017 marque une inversion de tendance avec un solde migratoire de nouveau positif. Le nombre d’arrivées surpasse celui des départs pour un solde de +3 379 personnes. Le solde migratoire devient même plus important que le solde naturel dans la variation totale de la population sur la période, +0,4 % par an contre +0,3 % pour le second.
Le cœur d’agglomération a longtemps été à l’origine du déficit migratoire du territoire. Jusqu’à -9 022 personnes ont été enregistrées au jeu des échanges migratoires pour ce secteur entre 1982 et 1990. Une partie de ces départs s’est faite au bénéfice des trois autres secteurs, profitant du phénomène de périurbanisation, mais une majorité est partie dans le reste de la France.
En 2017, les échanges migratoires entre l’intercommunalité troyenne et le reste de la France représentent près de 13 000 déplacements dont 30 % entre TCM et le reste du département de l’Aube hors et 70 % entre TCM et le reste de la France hors Aube. Les échanges avec ces deux territoires sont à l’avantage de Troyes Champagne Métropole avec un surplus de 671 personnes provenant du reste de l’Aube et de 342 personnes provenant du reste de la France.
Les départs vers l’étranger n’étant pas comptabilisés, le solde ne peut être établi pour cette destination. Les flux entrants s’élèvent néanmoins à 684 personnes en 2017.
L’origine des arrivées sur le territoire :
Le secteur A (cœur d’agglomération) constitue le pôle d’attractivité de l’agglomération en captant 82 % des arrivées externes au territoire. La majorité des entrées proviennent du reste de la France (61 %), principalement des départements voisins : la Marne (523 arrivées), l’Yonne (303 arrivées) la Haute-Marne (290 arrivées) et la Seine-et-Marne (210 arrivées).
La destination des personnes quittant le territoire :
Les individus quittant l’intercommunalité se dirigent également principalement vers le reste de la France (73% des départs), dans les départements proches géographiquement et vers les départements accueillant de grandes métropoles : la Marne (517 départs), la Côte-d’Or (250 personnes), Paris (210 personnes), l’Yonne (180 personnes) et le Rhône (144 personnes).
Pour plus d’information sur les flux résidentiels, il est possible de consulter les visualisations réalisées par l’observatoire à ces adresses :
- https://portals.koumoul.com/reuses/origine-des-nouveaux-habitants-sur-tcm-en-2017?portalId=IVg3FeMx
- https://portals.koumoul.com/reuses/origine-des-individus-ayant-change-de-commune-de-residence-en-2015?portalId=IVg3FeMx
Le système éducatif facteur d’attractivité de Troyes Champagne Métropole
Le système éducatif apparaît comme le facteur d’attractivité le plus important pour le territoire troyen avec un solde migratoire des élèves et étudiants s’élevant à +707 personnes, soit plus que toute autre catégorie de personnes. Suivent ensuite les chômeurs (+368 personnes) et les actifs ayant un emploi (+315 personnes).
Concernant les élèves/étudiants, ce sont essentiellement des personnes vivant seules avec une part importante vivant dans un parc de logement spécifique (résidences étudiantes).
Des autres catégories, seuls les retraités ou préretraités sont plus nombreux à quitter le territoire qu’à s’y installer (-41 personnes). Dans le détail, le déficit pour cette catégorie est principalement dû à l’excédent des départs sur les arrivées des 60-69 ans (-136 personnes), tandis que le solde devient positif après 70 ans.
Au regard de la structure par âge toujours, l’attractivité du système éducatif ressort particulièrement avec un excédent de 831 personnes entre 15 et 24 ans. Globalement, les jeunes de 15-29 ans sont les plus mobiles puisqu’ils sont à l’origine de 53 % des flux du territoire alors qu’ils ne composent que 19 % de la population totale.
Au jeu des entrées/sorties, les couples sont déficitaires avec un surplus des départs s’élevant à 305 personnes. Ils s’installent majoritairement dans d’autres départements français, pour des raisons professionnelles en premier lieu. Tous les autres types de ménages sont excédentaires. Après les personnes seules, qui représentent le principal excédent, ce sont les familles monoparentales qui sont les plus nombreuses à s’installer sur l’agglomération troyenne (+666 personnes).
Un recul de l’emploi qui freine l’attractivité résidentielle
L’emploi étant un des premiers facteurs d’attractivité d’un territoire, son étude est nécessaire pour expliquer en partie le dynamisme démographique.
Dans cette partie, le territoire troyen est comparé à d’autres territoires de France métropolitaine, de taille démographique comparable (entre 240 000 et 300 000 habitants). Ce travail se base sur le périmètre des zones d’emplois, privilégié par l’INSEE pour toute étude relative au marché du travail. De plus, il permet d’étudier les différents territoires selon une base commune et donc comparable, contrairement aux périmètres des EPCI.
Le périmètre de la zone d’emploi de Troyes est plus large que celui de Troyes Champagne Métropole puisqu’il s’étend sur la grande majorité de l’Aube à l’exception des territoires nord-ouest (zone d’emploi de Romilly-sur-Seine). Les dynamiques démographiques sont donc moins favorables car le périmètre contient des territoires en déprise (cf. I.3). Entre 2012 et 2017, l’évolution annuelle moyenne de la population est de +0,3 %. Celle de l’emploi est quant à elle négative, à -0,6 % par an.
Parmi les zones d’emploi comparables, celles situées sur la façade atlantique, en Rhône-Alpes et dans le midi sont les plus attractives. Elles conjuguent à la fois un fort dynamisme démographique et de l’emploi.
Troyes se situe dans la catégorie des zones d’emploi connaissant une croissance démographique et un recul des emplois. À ce niveau, la situation de Troyes est particulièrement similaire à celle des zones d’emploi de Beauvais et de Creil, toutes deux faisant également partie de la grande couronne de l’agglomération parisienne. Ce sont des territoires qui connaissent un accroissement proche de la moyenne nationale pour la démographie (+0,4 % par an) mais nettement en recul pour l’emploi (~ -0,6% par an contre +0,1 % en France).
L’évolution de l’emploi étant fortement corrélée à la dynamique démographique, retrouver un taux de variation de l’emploi positif permettrait d’accentuer l’attractivité démographique du territoire troyen.
Conclusion
La population de Troyes Champagne Métropole connaît une hausse continue de sa population depuis les années 1960. Entre 2013 et 2018 le cœur d’agglomération a enregistré pour la première fois depuis 1975 plus d’arrivées que de départs avec pour conséquence une accélération du dynamisme démographique du territoire. La croissance de l’agglomération est supérieure à la moyenne nationale et se situe au deuxième rang des grandes agglomérations régionales, juste derrière Strasbourg.
La croissance profite à tous les secteurs de l’agglomération. Les territoires ruraux et périurbains continuent de profiter des arrivées des ménages d’actifs issus du cœur d’agglomération et d’un solde naturel positif. Le secteur A qui perdait des habitants retrouve une attractivité forte du fait d’un solde migratoire positif. Les nouveaux habitants, lorsqu’ils s’installent sur Troyes Champagne Métropole s’installent en premier lieu dans ce secteur (82 % des arrivées) et notamment à Troyes (53 %).
L’aire d’attractivité des nouveaux habitants est locale. La grande majorité des arrivants vient du reste de l’Aube ou des départements limitrophes. Ce sont majoritairement des personnes âgées de 15 à 30 ans (53 % des arrivées) qui viennent pour leurs études ou pour un premier emploi. Elles poursuivent ensuite leur parcours résidentiel en s’installant dans les communes périphériques lorsqu’elles souhaitent accéder à la propriété.
Le dynamisme de Troyes Champagne Métropole fait figure d’exception comparativement aux autres EPCI de l’Aube. La quasi-totalité du territoire aubois perd des habitants dont une partie quitte son territoire d’origine pour venir s’installer sur TCM.
Le solde naturel demeure positif mais diminue à chaque période intercensitaire, suivant les tendances nationale et régionale. La baisse des effectifs des femmes en âge de procréer ainsi que la baisse de leur fécondité expliquent la diminution des naissances. Le nombre de décès annuels, bien que stable, devrait augmenter dans les années à venir sous l’effet du vieillissement de la population. Le solde naturel pourrait alors devenir négatif comme il l’est déjà dans certains départements du Grand Est, freinant ainsi la croissance du territoire.
Définitions
Toutes les définitions sont issues de l’INSEE
Solde naturel : différence au cours de l’année entre le nombre de naissances et le nombre de décès dans la zone géographique.
Solde migratoire : différence entre le nombre de personnes venues résider dans la zone (les entrants) et le nombre de personnes qui l’ont quittée pour résider ailleurs (les sortants). Cependant, les soldes migratoires des régions échappent à toute procédure d’enregistrement. Aussi, il est calculé un solde migratoire apparent, par différence entre la variation de population et le solde naturel (naissances-décès) sur une période.
Naissances : les naissances sont comptabilisées au lieu de domicile de la mère.
Le taux de fécondité à un âge donné (ou pour une tranche d’âges) est le nombre d’enfants nés vivants des femmes de cet âge au cours de l’année, rapporté à la population moyenne de l’année des femmes de même âge.
L’Indicateur Conjoncturel de Fécondité (ICF) mesure le nombre d’enfants qu’aurait une femme tout au long de sa vie, si les taux de fécondité observés l’année considérée à chaque âge demeuraient inchangés. C’est la somme des taux de fécondité par âge (pour les femmes âgées de 15 à 49 ans) calculés pour une année civile donnée. L’ICF est un indicateur transversal, il est donc sensible à la conjoncture.
Décès : les décès sont comptabilisés au lieu de domicile du défunt.
Espérance de vie : l’espérance de vie à la naissance représente la durée de vie moyenne, autrement dit l’âge moyen au décès, d’une génération fictive soumise aux conditions de mortalité de l’année. Elle caractérise la mortalité indépendamment de la structure par âge.
Indice de vieillissement : il rapporte la population des 60 ans et plus à celle des moins de 20 ans. Un indice de 100 indique que les 60 ans ou plus et les moins de 20 ans sont présents dans les mêmes proportions sur le territoire. Plus l’indice est élevé, plus le vieillissement est important.
Vieillissement : augmentation de la part des personnes de 60 ans et plus dans la population totale.
Gérontocroissance : augmentation du nombre de personnes de 60 ans et plus dans la population totale.
Zone d’emploi : espace géographique à l’intérieur duquel la plupart des actifs résident et travaillent, et dans lequel les établissements peuvent trouver l’essentiel de la main d’œuvre nécessaire pour occuper les emplois offerts.